L’Armée de l’Air prend la relève – Revue internationale de stratégie et défense numéro 30 du mois de mars 1984

Le Contingent Français de la Force Multinationale de Sécurité à Beyrouth a été, pendant moins de trois semaines, protégé par des avions de l’Armée de l’Air basés en France, pendant que le porte-avions CLEMENCEAU a regagné son port d’attache de Toulon pour subir à l’arsenal une visite d’entretien. En cent jours, le porte-avions a parcouru l’équivalent d’un tour du monde, sans relâcher dans un port ou mettre bas ses feux et reposer son équipage. Depuis le 30 septembre dernier, au large de Beyrouth, il a catapulté ses avions un millier de fois, et sa flotte embarquée a parcouru, au total, l’équivalent de 1500000 Km. Quant au second porte-avions, le FOCH, il est immobilisé depuis mi-octobre dernier et jusqu’en avril prochain à Toulon pour une visite d’entretien, après être demeuré trente-sept jours d’affilée en mer au large de Beyrouth.

Le 25 janvier, le CLEMENCEAU est reparti en direction de Beyrouth pour participer à la relève des éléments de la 11e Division Parachutiste. Il emportera des hélicoptères légers, notamment des PUMA, qui accompliront à moindre frais les missions précédemment dévolues aux hélicoptères lourds SUPER-FRELON.

L’Armée de l’Air française a pu compter sur sa force de JAGUAR et de MIRAGE F-1 ravitaillables en vol. Beyrouth est à moins de cinq heures de vol de JAGUAR et le 29 décembre dernier, des avions ne transportant que la moitié de leur armement normal (soit de l’ordre de 2.5 tonnes) auraient survolé le territoire libanais.

Pour palier à l’absence du porte-avions, et pour garantir la sécurité en toutes circonstances, la France a installé un dispositif puissant d’artillerie au sol et en mer, avec des batteries de 155 mm de l’Armée de Terre et avec les canons des bateaux de la Marine Nationale qui composent la force Olifant.

L’infanterie des troupes du Levant et ses insignes (Jacques Sicard)

Armes Militaria magazine numéro 156 (juillet 1998)

 

L’infanterie des troupes du Levant et ses insignes (Jacques Sicard) [p. 44 à 53]

 

La présence militaire française dans ce que furent, jusqu’en 1945, les territoires sous mandat français du Levant (englobant la Syrie et le Liban actuels) remonte à une longue tradition. Les chevaliers partis avec les croisades édifièrent et occupèrent, entre 1099 et 1289, pour protéger le royaume chrétien de Jérusalem, une ligne de puissantes forteresses qui subsistent encore malgré les intempéries et le vandalisme des hommes.

 

Il suffit d’évoquer le comté de Tripoli de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, les ordres militaires des Templiers et des Hospitaliers guerroyant sans cesse contre l’infidèle, mais aussi l’expédition du Maréchal de Boucicaut sur les côtes de Syrie en 1404 et l’alliance entre François Ier et Soliman le Magnifique qui fit du roi de France le protecteur de tous les chrétiens d’Orient.

Plus proche de nous, c’est l’expédition avortée de Bonaparte vers la Syrie stoppée en 1799 sous les murs de Saint-Jean d’Acre, l’intervention en 1845 de la Belle Poule à la suite des massacres de chrétiens maronites par les musulmans druzes, l’envoi pour les mêmes raisons, d’août 1860 à juin 1861, d’un corps expéditionnaire de 6000 hommes sous les ordres du général d’Hautpoul. Il comprenait entre autres les 5e et 13e régiments d’infanterie de ligne, le 16e BCP et un bataillon du 1er régiment de zouaves.

Pendant la Première Guerre mondiale, le Détachement français de Palestine-Syrie (DFPS), sous les ordres du colonel de Piépape, est rattaché au corps expéditionnaire du général Allenby. Il compte un régiment de marche d’infanterie, deux bataillons de tirailleurs algériens (issus des 1er et 2e RT), un régiment de la Légion d’Orient et un bataillon d’étapes du 115e RI territorial. En 1918, ces unités arrivent en Syrie où les premières difficultés vont commencer, notamment en Cilicie.

Le mandat français

 

Aux Troupes françaises du Levant (TFL), créées le 28 octobre 1918, succède en novembre 1919 l’Armée française du Levant (AFL) du général Gouraud, la France ayant reçu le mandat d’administrer la Syrie, ancien territoire turc. La fin de la guerre sur le front européen permet l’envoi vers ces territoires de plusieurs régiments d’infanterie venus relever les troupes britanniques qui ne demandaient qu’à y rester. Ainsi débarquent successivement le 415e RI en mars 1919, le 412e RI (en juin), la Légion Arménienne, enfin la 156e DI (général Dufieux) en novembre.

La Déclaration de Londres en 1921, enregistrée ensuite à la Société des Nations, confie à la France le mandat de protéger les Etats du Levant (Syrie et Liban) contre toute menace extérieure, de les guider par ses conseils pour les amener à l’indépendance. Mais dans l’immédiat, le rétablissement de la sécurité intérieure et les relations tendues avec le mouvement nationaliste turc de Mustapha Kemal nécessitent l’envoi de troupes de plus en plus nombreuses.

Les débuts de l’intervention française

 

Les troupes françaises occupant la Hongrie, la Bulgarie (Armée du Danube) et Constantinople fournissent les premiers contingents permettant la formation de trois divisions en Cilicie (ex-156e DI), en Syrie et au Liban devenues, après l’arrivée de la 122e DI, les 1er, 2e, 3e et 4e Divisions du Levant. L’infanterie comprend quelques régiments d’infanterie métropolitaine et de tirailleurs sénégalais, mais surtout des régiments de tirailleurs nord-africains.

La pacification s’étend progressivement à la région d’Alep (mars – avril 1921), au territoire alaouite (mai – juillet 1921) jusqu’aux confins de l’Euphrate (juin 1921 à 1923). Elle s’achève avec l’occupation du Djebel Druze (juin 1921 – octobre 1922).

Peu à peu, l’ordre est rétabli et la Cilicie ayant été évacuée, cela amène à partir de 1922 la dissolution sur place ou le rapatriement sur la métropole de plusieurs unités. Les effectifs de l’AFL sont réduits progressivement.

Troubles au Levant (1925-1926)

 

En juillet 1925 éclate la révolte druze. D’abord localisée au Djebel Druze, elle s’étend à Damas en octobre, au mont Hermon et au Liban-Sud et se traduit par le massacre des populations chrétiennes. L’envoi de nouveaux renforts devient nécessaire. Les 25 bataillons d’infanterie ainsi détachés seront rapatriés fin 1926 – début 1927, ramenant les effectifs à des proportions plus réduites pendant la dizaine d’années précédant la Seconde Guerre mondiale, qui voient la mise sur pied d’unités à recrutement local, embryon des futures armées nationales et dénommées « Troupes spéciales du Levant ».

Vers un nouveau conflit

 

A partir de 1938, la menace d’un affrontement avec les puissances de l’Axe amène à renforcer l’éventuel théâtre d’opérations du Proche-Orient. Plusieurs bataillons de Légion étrangère ou coloniaux débarquent à Beyrouth, suivis après l’entrée en guerre en 1939 par l’arrivée d’une division nord-africaine, la 86e DIA venue d’Oran, deux autres divisions (191e et 192e DI) étant constituées sur place. Toutes ces troupes resteront l’arme au pied tandis qu’en France se déroulent les tragiques combats de mai – juin 1940. A la fin de l’année, la démobilisation va réduire les effectifs de cette petite armée.

1941, l’intervention anglo-gaulliste

 

Encastrés entre des territoires sous domination anglaise, il était à prévoir que les britanniques chercheraient à prendre pied dans les Etats sous mandat français. Le prétexte est vite trouvé à la suite de l’atterrissage d’avions allemands en transit sur les aérodromes d’Alep et Palmyre pour appuyer la révolte irakienne. Malgré l’accord du 7 août 1940 passé entre Churchill et le général de Gaulle « qu’en aucun cas, les volontaires (de la France Libre) ne porteraient les armes contre la France », des unités françaises vont être engagées contre d’autres français, chacun acceptant de faire son devoir jusqu’au bout dans un conflit fratricide. Parmi les officiers supérieurs, seul le colonel Magrin-Vernerey (Monclar), commandant de la Brigade française d’Orient, un des premiers à avoir rallié la France Libre en juin 1940 avec la 13e DBLE, demandera à ne pas participer à l’opération.

L’infanterie métropolitaine du Levant

 

En 1919, les premiers régiments d’infanterie métropolitaine dirigé sur le Levant sont deux régiments de la série 400 formés à partir de mars 1915 avec les recrues de la classe 1915. le 412e est créé à Limoges, le 415e au camp de Carpiagne. Désigné également pour l’Armée d’Orient en avril 1919, le 409e est finalement dissous et ses effectifs versés au 412e qui débarque en Cilicie en juin 1919. Ce dernier est dissous en décembre 1921 à Alexandrette à la suite de l’évacuation de la Cilicie tandis que le 415e, employé en Syrie depuis mars 1919, est dirigé sur Constantinople en 1922 et dissous à son retour à Marseille en septembre 1923. Ce sont les derniers survivants de cette série 400, dont les numéros seront adoptés en 1939 par les régiments de pionniers.

Avec la reprise des opérations en 1925, une dizaine de bataillons d’infanterie prélevés sur les régiments de métropole viennent en renfort ainsi qu’un bataillon de mitrailleurs. Ils seront rapatriés à partir d’octobre 1926.

Les tirailleurs nord-africains

 

Assurément, ce sont eux qui ont fourni les plus gros contingents employés à l’Armée du Levant. Les 17e, 18e, 19e, 21e, 22e, 27e, 31e (puis 47e) RTA, 16e, 20e, 36e RTT, 65e et 66e RTM y séjournent plus ou moins longtemps.

A partir de 1927, il ne reste plus sur place que le 16e RTT (stationné dans le Djebel Druze), un bataillon algérien (IV/6e RTA) et un marocain (IV/1er RTM).

L’envoi de la 86e DIA sur ce territoire en octobre 1939 amène le 2e RTA (devenu le 22e RTA) et le 29e RTA qui, après avoir pris part aux combats contre les anglo-gaullistes, sont ramenés en Algérie en août 1941.

L’arrivée du IV/7e RTA en novembre 1939 permet de regrouper en une demi-brigade nord-africaine les trois bataillons isolés : IV/6e RTA, IV/7e RTA et IV/1er RTM, devenu le V/1er RTM en 1940. Cette 10e DBNA, affectée à la 192e DI, puis à la 191e en juin 1940, est recomplétée en novembre 1940 par le IV/6e RTT qui remplace les IV/6e et IV/7e RTA dissous. Elle-même sera dissoute en avril 1941.

Bien que n’appartenant pas à la subdivision d’arme des tirailleurs, mais venant aussi d’Afrique du Nord, il faut signaler la présence d’un bataillon de zouaves au sein du 3e RMZT (1919-1920) puis l’arrivée du 2e régiment de zouaves d’Oran, en septembre 1939 avec la 86e DIA. Il est dissous sur place un an plus tard.

Les troupes coloniales

 

Le premier régiment de tirailleurs sénégalais arrivé au Levant en 1919 est le 17e. Il n’en repart qu’en août 1941. D’autres régiments effectuent des séjours plus ou moins brefs : 10e, 11e, 14e, 16e RTS.

Entre 1920 et 1923, deux bataillons venus du Tonkin sont employés. Ils entrent sans doute en 1922 dans la composition d’un Régiment mixte indochinois du Levant (RMICL) sur lequel nous avons peu de détails.

Des bataillons de tirailleurs (ou mitrailleurs) malgaches, venus aussi en renfort en 1925-1926, constituent le 42e régiment de tirailleurs malgaches (1927-1928).

Les premiers marsouins arrivent au Levant en 1920 : deux bataillons d’infanterie coloniale formés en décembre 1919 à Rochefort et à Toulon débarquent en Cilicie le 21 février 1920. Ils forment le Régiment d’infanterie coloniale du Levant (RICL) qui opère ensuite en Syrie. Par suite des pertes élevées, ce régiment doit être dissous le 31 mars 1922.

En août 1939, un nouveau régiment de marche d’infanterie coloniale du Levant (RMICL) est formé en métropole avec des réservistes. Son état-major est fourni par le 2e RIC, le 1er bataillon par le RICM, le 2e par le 3e RIC, le 3e par la 3e DIC et le 4e par le dépôt de Toulon. Débarqué au Levant, il devient le 24e RIC (26 octobre 1939) affecté à la 191e DI. En juin 1940, son 2e bataillon est envoyé à Chypre. Après l’armistice de 1940, une partie de ses effectifs voulant continuer le combat aux côtés des anglais, ce bataillon forme le 1er Bataillon d’infanterie de marine (1er BIM) des FFL tandis que la compagnie Folliot du 3e bataillon passe en Palestine. Après la démobilisation des réservistes rapatriés sur la France, le 24e RIC est dissous le 31 décembre 1940. Ses personnels d’active entrent aussitôt (le 1er janvier 1941) dans la composition du 24e régiment mixte colonial (24e RMC) où ils forment la compagnie régimentaire et le 1er bataillon. Les 2e et 3e bataillons sont sénégalais : débarqués à Beyrouth en 1938 et 1939, les 1er et 2e bataillons de marche de tirailleurs sénégalais (BMTSL) avaient formé un groupe de bataillons de marche (GBMTS) qui entre dans la composition du 24e RMC. Ce régiment participe aux opérations de juin 1941, ses bataillons opérant dans des secteurs différents. Regroupé à Tripoli après le cessez-le-feu, il embarque pour la France à partir du 16 août pour être dissous à Fréjus. Les personnels des 2e et 3e bataillons sont versés au 17e RTS en partance pour l’AOF.

Ce 17e RTS que nous avons vu débarquer en 1919 a tenu garnison à Tripoli puis à Beyrouth, Alep et Damas. Il eut un 4e bataillon (ex-III/4e RTS), de juillet 1927 à février 1928.

Affecté à la 192e DI en 1939, il prend part aux opérations de juin – juillet 1941 puis est rapatrié et sera reconstitué en AOF en décembre 1941.

Quelques éléments des 17e RTS et 24e RMC ayant choisi de rallier la France Libre permettent la création du Bataillon de marche numéro 11 (dédoublement du BM numéro 1 – FFL). Mais des mutineries ayant éclaté en mars 1942, une partie de ses personnels africains doit être ramenée en Afrique.

La Légion étrangère

 

Le premier bataillon de Légion envoyé au Levant est le IV/4e REI, formé à Saïda. Débarqué à Beyrouth le 15 mars 1921, il opère dans le Cercle des Alaouites.

Une compagnie montée russe, formée à Damas le 18 mars, est rattachée à ce bataillon mais est dissoute le 19 avril.

Le V/4e REI, formé aussi à Saïda, débarque le 2 septembre 1921 à Alexandrette. Il opère sur l’Euphrate et le moyen Oronte puis contre les Druzes en juillet 1925. Sa 17e compagnie est transformée en compagnie montée à Deir ez-Zor.

Ces deux bataillons et la 17e compagnie forment, en septembre 1921, le Régiment de Légion du Proche-Orient qui, après le retour en Algérie du IV/4e REI en décembre 1924, est réduit à un bataillon complété par un escadron du 1er REC. Après le départ de cet escadron, le régiment est dissous. La 17e compagnie montée prend le numéro 29 tandis que le V/4e REI devient le VIII/1er REI, le 9 juin 1926, puis le 4e bataillon formant corps du 1er REI.

Le 24 avril 1936, le I/1er REI vient en renfort au Levant, permettant la constitution du Groupement de Légion étrangère du Levant (GLEL) à Homs. Le II/2e REI, débarqué à Beyrouth le 27 avril 1938 et dirigé sur Damas, complète ce groupement.

Le 1er octobre 1939, le GLEL devient le 6e REI à trois bataillons, puis quatre après l’arrivée du VI/1er REI. Le régiment participe aux combats de juin – juillet 1941 puis est rapatrié, fin août. Les éléments volontaires pour passer à la France Libre permettent la formation du III/13e DBLE.

L’envoi des renforts (1941)

 

Un des soucis du gouvernement du Maréchal Pétain est l’isolement des territoires du Levant, objet de convoitise de chacun des belligérants. Après la démobilisation de l’automne 1940, l’Armée du Levant, sous les ordres du général Dentz, se trouve réduite à environ 25000 hommes alors qu’elle en comptait plus de 70000 quelques mois auparavant. Ce chiffre étant trop faible, l’autorisation est demandée à la Commission d’armistice de maintenir ses effectifs à trois divisions par l’adjonction d’environ 10000 hommes venant d’AFN. Un régiment de marche de tirailleurs du Levant (RMTL) est mis sur pied à Maison-Carrée en novembre 1940 avec les personnels devenus excédentaires des régiments de tirailleurs (donc des éléments médiocres) et des éléments « évadés » d’Allemagne après avoir été soumis à une intense propagande antifrançaise. Mais le 25 janvier 1941, 800 tirailleurs se mutinent et sont arrêtés. Le régiment est dissous et les éléments récupérables serviront à former le 5e RTA. Trois autres régiments « renfort Levant » sont mis sur pied en janvier 1941 : 3e et 8e RTM à Sefrou et Meknès, 8e RTT en Tunisie.

La demande faite aux anglais, en octobre 1940, d’autoriser le transport de ce contingent se heurte naturellement à un refus. En novembre, le gouvernement français demande aux anglais la permission de relever 4000 tirailleurs sénégalais par un nombre équivalent de nord-africains. Silence du côté anglais… De son côté, la Commission d’armistice impose comme date limite à ces mouvements le 31 janvier 1941. En AFN, les tirailleurs vont attendre leur transfert pendant plusieurs mois. Les régiments prévus seront donc dissous en mai 1941 (sauf le 8e RTM) sans avoir posé le pied au Levant.

L’attaque anglaise (1941)

 

Le 8 juin 1941 débute l’opération Exporter. Il s’agit de l’attaque anglaise – en fait, une division australienne et une brigade indienne – soutenue par la 1er DFL du général Fougère, commandant supérieur des troupes du Levant, demande l’envoi des renforts d’infanterie suivants : un régiment de tirailleurs marocains, un de tirailleurs algériens, un bataillon d’infanterie coloniale et un de Légion étrangère. Le gouvernement de Vichy obtient de la Commission d’armistice l’autorisation d’envoyer ces renforts. Mais la voie aérienne se révélant insuffisante et les allemands refusant de fournir 50 avions de transport, seule la voie terrestre est envisageable. Elle se fera donc en territoire occupé par les forces de l’Axe, le gouvernement turc s’opposant à tout transit militaire sur son sol. Après le franchissement de la ligne de démarcation à Chalon-sur-Saône, l’itinéraire par voie ferrée sera Mulhouse, l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie et la Grèce. Un « Transit militaire » est créé à Salonique le 12 juin. La flotte britannique ayant la maîtrise de la mer Egée, le transport par voie maritime vers Beyrouth est aléatoire et plusieurs navires seront coulés. Les transports aériens assurés par les appareils du Groupe de transport numéro 15, entre Salonique et Alep, ne peuvent acheminer que 500 hommes et 10 tonnes de matériel. L’armistice signé à Saint-Jean d’Acre stoppe, à compter du 14 juillet, tout transport ferroviaire sur Salonique. Les retours sur la France commencent le 21 juillet. Le dernier train franchit la ligne de démarcation à Chalon-sur-Saône le 3 août.

Le 1er Bataillon de marche d’infanterie coloniale du Levant (1er BMICL), créé à Fréjus et embarqué par VF le 27 juin, arrive à Salonique le 4 juillet. Son détachement précurseur (1e compagnie) aérotransporté sur Alep les 6 et 8 juillet, est fait prisonnier par les anglais dès son arrivée. Le reste du bataillon, embarqué sur les trois contre-torpilleurs Guépard, Vauquelin et Valmy doit faire demi-tour et rentre à Salonique le 9. Ramené en France, le bataillon sera dissous et ses personnels répartis dans plusieurs unités en AOF.

La demi-brigade de marche de tirailleurs algériens (formée par un bataillon du 1er RTA, un du 7e RTA et un du 9e RTA) embarque à Alger le 30 juin pour Marseille. Elle quitte la France, les 2 et 3 juillet, par deux trains qui arrivent les 10 et 11 juillet à Salonique. Les tirailleurs y séjournent jusqu’au 25 juillet puis rentrent en France et rejoignent leurs corps en Algérie.

Un bataillon de marche de Légion étrangère, le II/1er REI formé à Sidi-Bel-Abbès, embarque lui aussi par VF. Stoppé à Zagreb (Yougoslavie) le 10 juillet, il rentre en France, retourne en Algérie puis au Maroc et deviendra le II/4e DBLE stationné au Sénégal jusqu’en février 1943. Il participe ensuite aux derniers combats en Tunisie (avril – mai 1943) avec le 1er régiment étranger d’infanterie.

Un bataillon de chasseurs à pied, le 33e BCP, formé fin juin au camp de la Valbonne par prélèvement sur les quatre demi-brigades de chasseurs et le 159e RIA, n’aura pas le temps de partir, l’armistice étant signé le 12 juillet 1941. Enfin, un 180e Bataillon de marche d’infanterie aurait également été mis sur pied, mais nous n’avons aucune précision sur lui.

Les bataillons de la France Libre (1941-1946)

 

La plupart des bataillons de marche de la France Libre ont stationné au Levant. Ce sont d’abord les bataillons de la 1e DFL (BM 1, 2, 3 et 4, 1er BIM) qui prennent part aux combats fratricides de juin – juillet. Le BM 1 se dédouble, nous l’avons vu, pour former le BM 11 puis retourne au Tchad en avril 1942. Le BM 2 participe aux combats de Cyrénaïque (Bir-Hakim) où il est pratiquement anéanti. Venu se reconstituer au Liban, il part à Madagascar en janvier 1943.

Le BM 3 part en Egypte en 1942. le BM 4, après avoir reçu un renfort de tirailleurs sénégalais stationnés en Syrie, est dirigé vers la Somalie en juillet 1941. Le BM 5 opère avec la 9e Armée britannique en mai – juin 1942 puis relève le BM 2 en Egypte après Bir-Hakim. Enfin le BM 11 part en Libye en mars 1942.

Pour remplacer ces bataillons dirigés sur d’autres théâtres d’opérations, de nouveaux bataillons arrivent : en décembre 1942, les BM 6 et BM 7 formés en AEF, le BM 9 venant de Djibouti, en octobre 1943. Ils forment la 3e brigade française indépendante (BFI).

Le III/3e RTSM, stationné en Tunisie, débarque à Beyrouth en mars 1945. Il devient le BM 16 qui doit relever le BM 6 dissous le 20 mai 1945.

Les personnels non rapatriés des BM 7 et 9 dissous complètent ce BM 16 qui sera à son tour dissous en septembre 1946 et ses personnels ramenés en Algérie.

Les nord-africains

 

En octobre 1941, les tirailleurs nord-africains ne désirant pas être rapatriés sur l’AFN sont regroupés en deux détachements qui assurent la protection des aérodromes de Damas et de Rayack. Ils fusionnent en janvier 1942 pour former le Groupement nord-africain (GNA) qui se transforme en une 24e compagnie nord-africaine (CNA). Une 25e CNA est créée par dédoublement. Les deux compagnies forment, le 16 mars 1944, le nouveau Groupement nord-africain du Levant (GNAL) qui est dissous le 31 décembre 1945.

En France libérée, la Région militaire de Paris doit mettre sur pied, en février 1945, un bataillon destiné à relever le BM 6. Constitué à la caserne Dupleix, le Bataillon de marche du 9e régiment de zouaves (formé principalement d’éléments FFI) s’entraîne près de Nemours puis embarque le 13 mai. Débarqué à Beyrouth le 17, il est dirigé sur Tripoli.

Fortement réduits par les mesures de démobilisation, le BM/9e RZ et le GNAL fusionnent pour former à compter du 1er janvier 1946 le Bataillon mixte Zouaves-Tirailleurs du Levant (BMZTL) qui stationne à Lattaquié. En avril 1946, le bataillon est dirigé sur Beyrouth. Embarqué pour l’AFN, il y est dissous. C’est la fin de la présence française dans les Etats sous mandat du Levant.

Les bataillons de défense côtière du Liban

 

Jusqu’en 1942, la défense du littoral libano-alaouite est assurée par des unités de garde-côtes de la Marine. En septembre 1942, le général de Gaulle décide de transférer une partie de cette charge à l’armée de terre.

Un Bataillon de défense côtière du Levant (BDCL) est créé le 1er octobre 1942. Il appartient aux troupes spéciales du Levant et se dédouble le 1er juin 1943 pour former deux BDCL. En effet, une division côtière est créée le 25 juillet 1943 sous les ordres du général Cazaud. Elle compte trois brigades dont une de montagne, la 5e, et deux de défense côtière : le 2e BDCL et le 1er BDL appartiennent à la 6e Brigade (PC à Beyrouth), le 1er BDCL et le 2e BDL à la 7e (PC à Lattaquié). Un groupe d’artillerie de position de défense côtière (GPDC) appuie ces bataillons. Il existe alors quatre secteurs de défense côtière : (du Nord vers le Sud) Lattaquié, Tripoli, Beyrouth et Saïda.

Les compagnies du 1er BDCL stationnent à Lattaquié, Tartous et Tripoli. Celles du 2e BDCL sont à Kfarchima, Jbeil, Saïda. Les deux BDCL, dissous en 1946 – le 15 mai (1er) et le 30 juin (2e) – forment les 1er et 2e compagnies de transition d’Avenantaires.

Infanterie des troupes du Levant

 

1-10e Demi-brigade nord-africaine

2-IV/6e RTA

3-IV/7e RTA

4-IV/1er RTM puis V/1er RTM

5-12e RTT

6-16e RTT

7-24e RIC puis 24e RMC

8-17e RTS

9-2e BMTSL

10-GNA/BMZ 9

11-BDCL puis 1er BDCL

12-2e BDC

13-Secteur de défense côtière de Saïda

14-1er REI, devenu le II/6e REI

15-II/2e REI, devenu le III/6e REI

16-4e bataillon formant corps du 1er Etranger, dénommé successivement V/4e REI, VIII/1er REI et devenu le I/6e REI.

17-III/6e REI, ex-II/2e REI.

18-6e REI

19-Section de transmissions du 6e REI.

Les cavaliers du Levant et leurs insignes (Jacques Sicard)

Armes Militaria Magazine numéro 68 (mars 1991) [p. 46 à 51] et numéro 69 (avril 1991) [p. 47 à 51]

 

Les cavaliers du Levant et leurs insignes (Jacques Sicard)

 

En acceptant, en 1920, la mission de mandat sur la Syrie et le Liban, les autorités françaises s’engagent devant la Société des Nations (SDN) à former progressivement les forces armées de ces deux pays.

 

Levée à partir de 1918, la Légion syrienne est intégrée aux troupes auxiliaires du Levant – devenues troupes spéciales du Levant – qui constitueront le noyau de ces futures armées libanaise et syrienne. Le présent chapitre traitera de la cavalerie des troupes d’Afrique présentes dans ces Etats et des escadrons des troupes spéciales recrutés localement.

Des cavaliers venus d’Afrique

 

A la fin de 1917, quatre escadrons prélevés sur les régiments d’Afrique du Nord (4e RCA, 4e RST et 1er RSA) forment un régiment de marche qui va opérer en Palestine aux côtés de l’armée britannique, dans le cadre du détachement français de Palestine-Syrie (DFPS). Il devient, en mars 1919, le 1er régiment mixte de marche de cavalerie du Levant (1er RMMCL) puis le 1er régiment de cavalerie du Levant (1er RCL) en 1921.

Un second régiment (formé avec quatre escadrons issus du 5e RCA, du 1er RSA et du 4e RST) le rejoint en mai 1919. C’est le 2e RMCL, devenu le 2e RCL en 1921.

En avril 1920, un 3e RMCL est créé avec quatre escadrons issus des 3e, 5e, 6e RSA et du 3e RCA.

Entre-temps, un autre régiment de marche, issu du 3e régiment de spahis de Constantine, a été formé le 1er janvier 1919. Embarqué à Bizerte, il débarque à Constantinople en juillet, opère en Thrace et en Bulgarie puis part au Levant où il devient, en novembre 1920, le 11e régiment de spahis, à Alep. Il sera dissous en mars 1922.

Le 3e RCL est dissous en février 1922 et ses escadrons rejoignent leur régiment d’origine. Dissous à leur tour le 15 septembre 1922, les deux autres RCL entrent dans la formation du 12e régiment de spahis tunisiens qui prend la place du 11e spahis dissous.

Ce 12e régiment, stationné à Deraa, Damas et Beyrouth, prend, en janvier 1929, le numéro 5. Réduit à deux escadrons, le 5e RST forme, en mars 1933 à Damas, le 3e groupe d’escadrons du 4e RST (le 4e RST tient garnison à cette époque en Tunisie, à Sfax et à Gabès).

Le 6e RSA, qui est en occupation en Allemagne depuis 1923, débarque au Maroc en août 1925. Deux mois et demi plus tard, il embarque pour le Levant. Il y restera deux ans avant de venir en garnison à Compiègne. Son séjour a été tristement marqué par la perte de son chef de corps, le lieutenant-colonel Ving, tué le 20 juillet 1926.

Le régiment de marche de spahis marocains qui, depuis 1917, a participé aux opérations de l’Armée d’Orient en Grèce, en Albanie, en Serbie, en Hongrie, en Bulgarie et en Thrace, arrive à Constantinople en mars 1920. Transféré en juin à Beyrouth, il est dénommé successivement 1er RMSM, 21e RSM et enfin 1er RSM (janvier 1929).

N’oublions pas enfin que deux escadrons du 1er REC (4e puis 1er) se sont couverts de gloire en Syrie, entre 1925 et 1927, notamment à Messifré et à Rachaya.

Entre 1933 et 1939, il ne reste donc plus qu’un régiment et demi de spahis au Levant. Pour compenser ce vide, le commandement a procédé au recrutement d’escadrons autochtones. D’abord désignés gendarmes, gardes mobiles ou miliciens, ils prennent, en 1925, le nom d’escadrons légers du Levant.

Ces partisans qui touchent une solde relativement élevée pour le pays doivent pourvoir à leurs besoins et être notamment possesseurs de leur monture. Seul l’armement est fourni par la France. La multiplicité des ethnies implantées au Moyen-Orient va amener une diversité d’escadrons ayant chacun sa propre particularité. On trouvera donc des escadrons Druzes et Tcherkesses, ces deux groupements étant les plus importants, mais aussi des escadrons alaouites (ou ismaéliens), kurdes, hauranais, tchétchènes, et aussi des chasseurs à cheval libanais. Leurs uniformes variés permettent de les différencier. L’encadrement est fourni par des officiers et sous-officiers des régiments de spahis sur place ou détachés des régiments d’Afrique du Nord.

Les escadrons de ligne du Levant

 

En 1920, la légion syrienne intègre les différentes milices constituées depuis l’année précédente, ce qui permet la formation en 1922, de trois régiments mixtes comprenant chacun deux bataillons d’infanterie et un ou deux escadrons de cavalerie. Ces régiments se disloquent pour former, le 1er janvier 1926, six bataillons d’infanterie dits « Bataillons du Levant » (BDL) et quatre escadrons autonomes dénommés « escadrons de ligne du Levant ».

Ils opèrent d’abord sur les territoires Sud-Syrie et Nord-Syrie. Mais les deux premiers sont dissous en 1934. Seuls subsistent les 3e et 4e ELL basés alternativement à Homs et à Hama qui constituent le « groupement de cavalerie de ligne du Levant » (1er mai 1939). Il assure notamment la surveillance de la mouvance bédouine et un peloton spécial d’automitrailleuses (PSAM numéro 1) lui est rattaché. Il subsiste jusqu’en 1946.

Les cavaliers des escadrons de ligne portent comme coiffure le chèche kaki (tenue de service) ou le keffieh en soie blanche avec l’aghal noir (tenue de sortie). Leurs effets sont les mêmes que ceux des cavaliers français servant sur un TOE : vareuse et pantalon-culotte en drap kaki, manteau de cavalerie et effets de toile kaki clair (vareuse, culotte, gandourah).

Les 3e et 4e escadrons portent sur la vareuse, sous le ceinturon-baudrier saharien réglementaire, la ceinture de laine rouge frangée à liteaux blancs et bleus des troupes de cavalerie d’Afrique. Les pattes de collet sont en drap bleu ciel avec deux soutaches. Le numéro de l’escadron est inscrit dans un croissant violet. Les galons sont argentés, ou jonquille pour la troupe.

Les képis des officiers (et des sous-officiers supérieurs) français ont un bandeau bleu ciel. Ceux des officiers autochtones portent sur le dessus une hongroise de fond à cinq branches, au lieu des quatre habituelles.

Les escadrons druzes

 

Animés d’un farouche esprit d’indépendance, les populations druzes sont les plus guerrières des Etats du Levant. Leur secte, détachée de l’Islam dès le Xe siècle, n’a jamais accepté l’autorité des maîtres successifs du Moyen-Orient. Retirés dans une région volcanique et rocheuse, inhospitalière et tourmentée, ils ont résisté aux turcs qui ne réussirent pas à s’installer dans leur territoire, le Djebel Druze.

La France, qui avait reconnu leur indépendance, dut pourtant, en 1925-1926, combattre leur rébellion. Soueïda, leur capitale, tombe entre nos mains le 25 avril 1926. Mais leur rivalité intertribale a facilité le recrutement d’auxiliaires à notre solde. Deux escadrons (dénommés à l’origine gardes mobiles) sont créés. Ce chiffre est porté, quelques mois plus tard, à six. Employés d’abord isolément aux opérations de pacification, ils forment, le 1er janvier 1927, le « groupement druze » qui contribue à briser les dernières résistances et à pacifier – pour combien de temps ? – le Djebel. Ils seront employés, par la suite, à la garde de la frontière avec la Transjordanie ou au maintien de l’ordre dans les grandes villes, comme Damas, ainsi qu’à la lutte contre les rezzous aux confins de l’Euphrate.

En 1936, un peloton méhariste est créé au sein du groupement, mais le 6e escadron est dissous le 1er mai 1938.

Les escadrons druzes prennent part aux combats de juin-juillet 1941 au sein des forces restées fidèles au maréchal Pétain puis, en novembre 1941, après la dissolution de la Légion druze anglaise, quatre nouveaux escadrons légers sont créés, portant à neuf le nombre de leurs escadrons. Ils seront transférés à la nouvelle armée syrienne en 1946.

La coiffure des druzes est le keffieh en coton tissé blanc à carreaux rouges. Le keffieh de parade est en soie rouge vif bordé, sur le côté, de bandes de largeur décroissante verte, blanche ou noire. Les officiers portent le keffieh blanc avec l’aghal noir habituel.

La gandourah est portée en tenue courante et en campagne avec le baudrier saharien. L’hiver, les druzes porte l’abaya, qui est un vaste vêtement non ajusté, en laine unie ou à rayures, en général marron.

Les pattes de collet sont comme leurs fanions, aux couleurs de l’escadron : bleu-clair (1er), rouge (2e), vert (3e), bleu foncé (4e) et noir (5e) avec le chiffre de l’escadron surmonté d’une étoile à cinq branches évidée et deux soutaches en fil doré.

Les escadrons Tcherkesses

 

La race Tcherkesse implantée en Circasie (partie occidentale et montagneuse du Caucase) a longtemps lutté contre la politique expansionniste de la Russie. Pour échapper aux influences extérieures, les tribus durent abandonner les vallées pour les hauteurs. Après l’annexion de la Géorgie par la Russie, elles opposèrent, de 1829 à 1878, une vive résistance aux armées tsaristes. Après la défaite de Chamil, leur chef, et l’occupation du pays par les russes, nombreux furent les Tcherkesses qui, ne voulant pas se soumettre à une puissance chrétienne, émigrèrent vers l’Anatolie, la Thrace ou la Syrie alors sous domination turque.

Le gouvernement ottoman qui connait la valeur de ces montagnards, guerriers par tempérament et par tradition, leur donne des terres et des villages dans les régions les plus turbulentes. Ainsi, 70000 de ces émigrés se fixent en Syrie, à des points stratégiques. Leur loyalisme est à toute épreuve. Soldats de naissance, ils servent scrupuleusement le gouvernement établi. La présence française, à partir de 1920, ne modifiera pas cette attitude.

En 1922, un lieutenant de tirailleurs, chargé de la sécurité d’Alep et de ses environs, fait la connaissance de plusieurs chefs Tcherkesses. L’un d’eux, Osman Bey, lui propose de former un escadron qu’il mettra au service de la France. Ce sont d’abord cinquante hommes, placés sous les ordres de Collet, qui nettoient avec succès les environs d’Alep. Leurs effectifs s’accroissent pour atteindre 160 cavaliers qui forment le « 1er escadron de gendarmerie mobile ». Ils peuvent alors former et encadrer deux nouveaux escadrons. En 1926, cinq escadrons existent, chiffre qui sera porté à huit en 1927. les escadrons dénommés « Tcherkesses » sont numérotés de 12 à 19 et leur PC est à Damas. Le 16e escadron est dissous en 1937 et ses cadres passent au 1er escadron de chasseurs à cheval libanais créé.

Au sein du Groupement, on trouve, en plus des Tcherkesses, des ismaéliens (alaouites) et des bédouins Chammars du Nedj. Ils participent aux combats dans le Hauran druze, autour de Damas (la Ghouta) et à la prise de Soueïda. Par la suite, ils vont assurer la pacification et le maintien de l’ordre dans le Nord-Est de la Syrie.

En 1940, des escadrons de partisans Tcherkesses montés (numérotés 30 à 37) et des escadrons de partisans portés (numéros 38 à 42) sont formés dans la région de Damas. Il existe alors un groupe d’escadrons légers et un groupement de partisans.

Le 21 mai 1941, une centaine de cavaliers Tcherkesses passent, avec leur chef, le lieutenant-colonel Collet, en Palestine pour rejoindre la France Combattante. Les autres restent fidèles au gouvernement français établi à Vichy. Réorganisés le 1er juin 1941, les Tcherkesses ne comptent plus qu’un seul groupement avec deux groupes d’escadrons légers montés (12 à 16 et 18) et un groupe d’escadrons de partisans montés, à quatre escadrons.

Les escadrons portés sont rattachés aux 7e et 8e régiments de chasseurs d’Afrique.

Quelques jours après cette réorganisation débutent les opérations contre les forces australiennes et britanniques. Le chef d’escadron Gaillard-Bournazel et son adjoint le capitaine de la Chauvelais, y trouvent une mort glorieuse.

Après l’armistice, les escadrons Tcherkesses rallient les Forces Françaises Libres. Leur groupement reconstitué à six escadrons continue à assurer les missions de surveillance et de sécurité. Un escadron moto-mécanique à deux pelotons d’automitrailleuses est formé le 1er janvier 1944.

Jusqu’à l’évacuation des territoires du Levant, ils restent fidèles à la France. A l’inverse des autres escadrons légers, ils ne sont pas intégrés dans la nouvelle armée syrienne.

Mal aimés des populations à cause de leur attitude souvent rude pendant les opérations dans un pays où ils ont largement contribué à maintenir l’ordre, ils sont abandonnés par le gouvernement français comme le seront, quinze ans plus tard, les Harkis d’Algérie. Beaucoup passent en Transjordanie (la garde du roi Abdallah, puis du roi Hussein, est formée de Tcherkesses), ou en Palestine. Certains sont même retournés vivre au Caucase. Que sont-ils devenus ?

Les Tcherkesses se distinguent par l’originalité de leur tenue de parade, survivance de leur uniforme national, proche de celui des Cosaques du Kouban ou du Terek. Il comporte une blouse (Kaptal fetsa), blanche l’été, noire l’hiver, à col droit. Elle est recouverte par le Tsé, sorte de redingote noire sans col, avec de fausses cartouches de chaque côté de la poitrine. Sur les épaules est jeté un Bachlik (capuchon) blanc attaché par un cordon noué autour du cou et dont les pans sont rejetés en arrière. La culotte et les bottes sont noires.

A la main, le Tcherkesse tient un Nagaïka, fouet en cuir tressé dont le manche est en bois décoré. Ce manche sert parfois de fourreau à un petit poignard.

Les autres groupements d’escadrons

 

En dehors des groupements homogènes tels les druzes et les Tcherkesses, il existe d’autres escadrons autonomes, de recrutement généralement homogène, stationnés dans les territoires du Nord et de l’Est-Syrie. Dans chacun de ces territoires, un état-major administrait ces divers escadrons.

Le Groupement d’escadrons légers de Djezireh est formé en novembre 1934 pour administrer les cinq ou six escadrons affectés à ce territoire et dont les emplacements varient fréquemment, passant même d’un territoire à l’autre.

La Djezireh (l’île en français), territoire situé entre le Tigre et l’Euphrate, n’est autre que la célèbre Mésopotamie, berceau de civilisations antiques remarquables. Là furent élevées Ninive et Babylone.

Les 19e, 21e, 23e, 24e, 25e et 28e escadrons y stationnent. D’abord à Hassetché, le PC du groupement va à Deirik puis à Kamechli après sa reconstitution en 1942. A cette date, il devient d’ailleurs le Groupement d’escadrons légers de l’Est-Syrie et compte les escadrons 23 à 26, renforcés en 1944 par les escadrons 30 et 31. Il comprend aussi le Peloton Spécial d’Automitrailleuses numéro 5.

Formé également en novembre 1934, le Groupement d’escadrons légers Nord-Syrie, dénommé aussi Groupement d’escadrons d’Alep (où était son PC) compte cinq ou six escadrons : les 18e, 20e, 22e, 26e, 27e et, à partir de 1944, 29e et 32e.

Les escadrons de chasseurs à cheval libanais

Jusqu’en 1937, les quelque 25 escadrons légers existants, répartis en quatre groupements, sont recrutés indifféremment parmi les populations musulmanes ou chrétiennes des territoires du Levant. A la suite d’incidents dans certains escadrons, le général commandant la cavalerie du Levant décide de regrouper en un seul escadron les militaires chrétiens. Ce sera le 1er escadron de chasseurs libanais.

Créé le 1er avril 1937 à quatre pelotons, avec les cadres français du 16e escadron Tcherkesse dissous, deux pelotons montés venant des 1er et 2e bataillons de chasseurs libanais et des éléments prélevés sur d’autres escadrons, il est cantonné à Miyé-Miyé, faubourg de Saïda (Liban-Sud).

D’abord rattaché au Groupement Tcherkesse, il passe en 1938 aux ordres du 8e Groupe d’Automitrailleuses et assure la surveillance de la frontière du Liban. En décembre 1940, un second escadron est créé. Il sera dissous à la fin des combats de juin 1941.

Pendant cette période, les deux escadrons patrouillent le long de la frontière avec la Palestine, sur les pentes du Mont Hermon et couvrent Marjeyoun et Rachaya.

Le 1er escadron sera transféré à l’armée libanaise en 1946.

La coiffure des chasseurs à cheval libanais est le béret (tenue de sortie) et le chèche (tenue de campagne).

L’uniforme et l’armement des escadrons légers

 

Les cavaliers des troupes spéciales ont adopté un uniforme propre à la région d’origine ou à la communauté prédominante dans l’escadron. Ainsi, cet uniforme peut changer au fil des années en fonction du recrutement.

La coiffure

 

C’est la caractéristique la plus visible des escadrons. Elle permet de les distinguer de loin. Il s’agit le plus souvent du Keffieh ou du Kalpack.

Le Keffieh est propre aux bédouins nomades ou sédentaires de l’Est et du Sud-Est de la Syrie. Il est porté jusqu’en Arabie. C’est un carré d’étoffe légère (en laine, en coton ou en soie) d’environ un mètre de côté, orné sur son pourtour de franges ou de petits pompons sur deux côtés opposés. Le Keffieh est plié en deux suivant une diagonale. Le cavalier pose d’abord sur sa tête une petite calotte, puis le Keffieh. Celui-ci tient sur la tête grâce à l’Aghal, gros cordon noir souple et tordu en spirale, en forme de cercle, d’un diamètre sensiblement double de celui de la tête. On le tord d’abord sur lui-même de manière à former un 8, puis on rabat les deux boucles l’une sur l’autre, de manière à former un double anneau qui a le diamètre du crâne. L’Aghal est orné de deux cordons noirs terminés par des pompons que l’on dispose derrière la tête.

Le Kalpack, d’origine caucasienne, est porté dans la région du Nord proche de la Turquie. C’est un bonnet à peu près cylindrique en peau d’astrakan, de mouton ou de chèvre, de couleur noire, grise ou marron. Son fond plat est en étoffe de couleur et porte souvent deux galons en croix. Il est porté légèrement aplati à la partie supérieure.

Bonnet kurde : les escadrons originaires de cette région portent la coiffure traditionnelle des kurdes du Nord-Est syrien : un bonnet blanc pointu terminé par une petite mèche et entouré d’un foulard plié en diagonale pour former un bandeau laissant apparaître la pointe du bonnet.

L’habillement

 

La tenue de campagne d’été est le plus souvent la large Gandourah en toile de coton kaki clair, enfilée par-dessus une vareuse et une culotte de même toile. La tenue d’hiver est en drap kaki (vareuse et culotte des troupes montées). Privilège propre aux escadrons légers, la vareuse, qu’elle soit de toile ou de drap, est du modèle à quatre poches des sous-officiers de l’armée française.

Le manteau réglementaire d’homme monté, en drap kaki, lourd et encombrant, était remplacé dans certains escadrons par l’Abaya, vaste vêtement non ajusté, en laine unie ou à rayures, en général marron.

Les pattes de collet sont généralement bleu ciel, ce qui constitue une exception par rapport aux troupes spéciales du Levant, dont le fond d’écusson est en principe violet. Mais chaque escadron ou groupe d’escadrons a ses particularités que nous indiquons au paragraphe correspondant.

Les bottes sont de couleur fauve ou noire, selon les unités.

Les cadres français portent la tenue de leur dernier corps avec pattes de collet bleu ciel à grenade argentée. Tous portent l’insigne de leur unité pour se différencier des unités purement françaises.

L’équipement et l’armement

 

Dans les premiers temps, l’armement individuel consiste en carabines de cavalerie Mauser K 98A de 7,92 mm qui sont remplacées progressivement, vers 1930, par des mousquetons Mle 1916 de 8 mm, avec baïonnette. Avec les Mauser, les cartouches sont logées dans des baudriers de fabrication locale puis, avec les mousquetons, des ceinturons-baudriers porte-cartouches sahariens modèle 1907 (pour chargeurs à 3 coups) ou 1907/35 (pour chargeurs à 5 coups) sont distribués. Ce ceinturon-baudrier de cuir rouge est formé par deux bretelles en losange reposant sur les épaules et s’accrochant au milieu du ceinturon devant et derrière. Certains de ces ceinturons-baudriers, de confection locale, ne comportent pas de gousset pour la baïonnette.

Le sabre de cavalerie n’est porté que par les escadrons de ligne du Levant. Les Tcherkesses et les Kurdes possèdent un poignard droit d’environ 40 cm de long, dénommé Kindjal chez les Tcherkesses. Le 24e escadron s’arme d’un poignard courbe.

La lance française modèle 1913 en acier, avec flamme rouge et blanche, était emportée par les « Lanciers de Haute-Djezireh » (23e escadron).

Chaque peloton dispose, comme arme collective, d’un fusil mitrailleur modèle 1915 (remplacé par la suite par le FM modèle 24/29) et d’un tromblon VB.

Les escadrons légers du Levant

 

1- Escadrons de ligne

2- 1er escadron de chasseurs à cheval libanais

3- Escadron alaouite

Les populations alaouites habitent la région de Lattaquié. Plusieurs escadrons, formés à partir de 1927, comptaient une majorité de personnels alaouites, notamment les 20e, 26e et 28e. Ces deux derniers sont devenus, entre mars et octobre 1938, les 1er et 2e escadrons de garde à cheval du Sandjak d’Alexandrette.

4- Groupement druze

5- 21e escadron léger du Levant

Formé en avril 1930 à Marjeyoun (Liban-Sud), cet escadron était formé d’éléments Tcherkesses et alaouites, puis kurdes. Il appartint ensuite au groupement d’escadrons légers Nord-Syrie.

6- Groupement Tcherkesse

7- 23e escadron léger du Levant

Cet escadron, constitué de Tchétchènes, une tribu caucasienne proche des Tcherkesses mais en désaccord avec eux, est dénommé 2e lanciers de Haute-Djezireh, du nom de sa région de stationnement.

8- 25e escadron léger

Cet escadron formé en 1930 d’alaouites et de syriens, stationne d’abord dans le Sandjak d’Alexandrette, puis en Djezireh.

9- 26e escadron léger du Levant

Créé en 1925, à Idlib, sous la dénomination de 1er Escadron de gardes mobiles, il a pris le numéro 26 en 1927 et était de recrutement alaouite. De mars à octobre 1938, il est désigné 1er escadron de garde à cheval du Sandjak.

10- 27e escadron kurde

Créé en 1926 à Alep sous la dénomination de 4e escadron de gardes mobiles, de recrutement kurde, l’escadron a pris le numéro 27 en janvier 1927.

11- 22e escadron léger

Cet escadron qui a existé une première fois entre 1926 et 1931 (recrutement hauranais) a été recréé le 1er février 1944.

Les groupements d’escadrons légers

 

A- Groupement d’escadrons légers de Djezireh

B- Groupement d’escadrons légers Nord-Syrie

Les automitrailleuses au Levant : 1920-1946 (Jacques Sicard)

Armes Militaria Magazine numéro 61 (août 1990)

 

Les automitrailleuses au Levant : 1920-1946 (Jacques Sicard) [p. 46 à 50]

En janvier 1920, un mois avant l’arrivée des premiers chars français au Levant, le 6e Groupe d’autocanons et automitrailleuses (GACAM) débarque à Beyrouth. Un an plus tard, le 22 janvier 1921, le 17e Groupe d’automitrailleuses de cavalerie (GAMC) débarque à son tour, suivi, le 21 juin, par le 19e GAMC. Dès leur arrivée, leurs équipages participent aux opérations contre l’Emir Fayçal, puis en Cilicie (1920-1921).

En mars 1922, les trois groupes constituent le Groupement des unités d’AMC du Levant qui prend le numéro 7 (1er novembre 1922). Il est présent aux opérations de la Mésopotamie et de la région Nord-Syrie. Les 6e [p. 46], 17e et 19e groupes, devenus « escadrons », prennent en 1923 les numéros 8, 18 et 28. Ils constituent alors le 8e Groupement d’escadrons d’AMC (janvier 1924) qui participe aux opérations dans le Djebel druze, notamment à la colonne de Soueïda. [p. 47].

Le 2 septembre 1925, le 6e escadron d’AM (venant de Lyon) renforce le 8e GEAMC. Dissous en mai 1929, le 6e entre dans la formation de l’Escadron spécial d’AMC du Levant (des troupes spéciales). A la même époque, le 28e escadron prend le numéro 25. On trouve les pelotons d’AM pour les opérations dans la région de Damas (hiver 1925-1926), dans le massif de l’Hermon (fin 1925), l’Akrim et la Ghouta (1926). Ils participent à la réoccupation de Soueïda, en avril 1926. Au même moment sont créées, pour opérer dans l’Est syrien, les Automitrailleuses légères du Désert (AMLD).

Le 8e GEAMC, devenu le 8e GAM le 1er mars 1933, compte alors trois escadrons (8e, 18e et 25e) stationnés respectivement à Damas, Beyrouth et Alep. Le matériel standard de ces unités est l’automitrailleuse White 1917.

En 1939, deux pelotons spéciaux d’AM (issus de l’escadron spécial d’AMC dissous) stationnés à Homs et à Beyrouth, sont rattachés au 8e GAM. A la mobilisation, les 2e et 3e escadrons du 8e forment les groupes de reconnaissance des deux divisions légères mises sur pied au Levant. Ce sont les 191e et 192e GRDI. Deux nouveaux escadrons (numéro 4 et 5) sont mis sur pied, début 1940, à Damas et à Alep. Chaque escadron compte 10 AM White. Les pelotons spéciaux (numérotés à partir de mars 1940) disposent d’AM (White, Panhard, Hotchkiss) et de cars blindés Panhard.

Fin juin 1940, une partie des cadres français passe en Palestine pour rejoindre la France combattante. Comme le 63e BCC, le 8e GAM est dissous en décembre 1940. Ses escadrons entrent dans la composition des 1er et 2e régiments de découverte et combat, unités créées le 10 décembre 1940 et qui deviendront, dès le 1er janvier 1941, les 6e et 7e RCA.

 

 

 

La période France Libre

 

La réorganisation des troupes du Levant à partir du 1er août 1941 amène une succession de transformations difficiles à suivre. Les escadrons laissent la place à des pelotons d’AM et à six pelotons spéciaux (PSAM numérotés). Répartis sur l’ensemble des territoires, ils sont dotés d’un ensemble de véhicules assez disparates, Chenard-Walcker, White-Dodge, Marmon-Herrington, Laffly, Hotchkiss. Des Dodge légèrement blindés, dotés de TSF, servent de véhicules de commandement.

Ces pelotons entrent, en 1943, dans la composition des Escadrons moto-mécanisés des territoires Nord-Syrie (EMMNS à Alep), Sud-Syrie (EMMSS à Damas), dans les Groupements d’escadrons légers (Tcherkesse, Druze) et dans le bataillon de gardes-côtes. Les escadrons moto-mécanisés comptent deux pelotons d’AM, une section de chars R35 et deux pelotons portés.

Historique des formations d’automitrailleuses du Levant

 

1- 8e Groupement d’escadrons d’AMC

Ce groupement est créé en janvier 1924 avec les 8e, 18e et 28e escadrons d’AM.

2- 8e Groupe d’automitrailleuses du Levant

Le 8e GAM regroupe, à partir de mars 1933, les trois escadrons numérotés 8, 18 et 25.

3- 8e escadrons d’automitrailleuses

Le 6e GACAM est devenu le 8e escadron en 1923.

4- 18e escadron d’automitrailleuses

Le 17e GAMC est devenu le 18e escadron en 1923.

5- 25e escadron d’automitrailleuses

Le 19e GAMC est devenu le 28e escadron (1923 puis le 25e escadron (1929).

6- Escadron moto-mécanisé Nord-Syrie

Formé en 1942 à Alep. L’EMMNS ayant été formé après l’entrée en Syrie des FFL, porte une croix de Lorraine.

7- 1er Peloton spécial d’automitrailleuses

Créé en 1939, le 1er PSAM était stationné à Homs. Il a été rattaché au 2e régiment de découverte et de combat en décembre 1940.

8- Escadron moto-mécanisé Sud-Syrie

Formé en 1942 à Damas. L’EMMSS ayant été formé après l’entrée en Syrie des FFL, porte une croix de Lorraine.

 

 

Différents types d’automitrailleuses et d’autocanons ayant servi au Levant (Liban – Syrie)

 

-Des automitrailleuses White ont reçu la modification effectuée au début des années 1920 : les roues à rayons montées d’origine sur les AM White ont été remplacées par des roues à jante métallique et bandage caoutchoutés pleins. Quinze ans plus tard, sans autre modification, les mêmes automitrailleuses devront affronter le matériel britannique moderne pendant la courte et meurtrière campagne de juin-juillet 1941.

-Seize exemplaires de l’automitrailleuse semi-chenillée Citroën-Kégresse-Schneider M-23 seront construits en 1925 et employés d’abord au Maroc où ils ne donneront pas satisfaction en raison des ruptures fréquentes du bandage caoutchouté sur sol chaotique. Quatorze de ces AM seront très vite transférées au Levant pour y servir, de 1926 à 1941. Leur nombre se trouvera progressivement réduit jusqu’à quatre véhicules seulement, servant au sein du Peloton Spécial d’Automitrailleuses stationné à Homs au moment de la campagne de Syrie.

L’AM Citroën-Kégresse-Schneider M-23, servie par un équipage de trois hommes, est armée d’un canon de 37 mm SA-18 et d’une mitrailleuse de 8 mm en tourelle. Blindée à 6 mm, avec un moteur de 18 chevaux, elle est capable de monter jusqu’à 40 Km/h sur route et 6 Km/h en tout-terrain.

-L’automitrailleuse Laffly-80 AM, dite Laffly-Vincennes, représente l’ultime modernisation de l’AM White. Produite à 28 exemplaires seulement en 1932, elle finira sa carrière, non au Levant, mais en Tunisie.

-Chef du parc auto de l’armée à Beyrouth, le capitaine Bich fait réaliser, en 1940-1941, divers types d’engins improvisés sur châssis de camions américains. Quinze exemplaires de ce curieux véhicule, désigné « AM Dodge-White », sont ainsi fabriqués à Beyrouth par montage de la tourelle et du blindage provenant de vieilles AM White sur des châssis Dodge tout neufs.

-Après les combats fratricides de Syrie, les Forces Françaises Libres se trouvent renforcées – sinon en personnel – du moins en matériel. Les véhicules susceptibles de fournir encore un service convenable sont ceux conçus par le capitaine Bich sur les châssis Dodge neufs, notamment l’AM Dodge-White. Afin de la revaloriser autant que possible, les FFL vont remplacer les très vieilles tourelles White de 1917 par des tourelles provenant des AMD Panhard TOE hors service. Certains armements sont remplacés par des pièces britanniques.

-Les automitrailleuses Dodge survivantes de la campagne sont également récupérées par les FFL. Une trentaine de ces camions, blindés seulement à l’arrière, avait été réalisée par l’usine hydroélectrique de Nahr el-Kalb, sur les conceptions du capitaine Bich. La seule protection vers l’avant est fournie par un pare-brise blindé relevable.

Un nouveau général français à la tête de l’état-major de la FINUL

Un nouveau général français à la tête de l’état-major de la FINUL

 

Le 20 juillet 2012, le général de brigade Hugues Delort-Laval a pris la fonction de chef d’état-major de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). Il succède au général de brigade Olivier Pougin de La Maisonneuve.

Le général Hugues Delort-Laval cumulera la fonction de chef d’état-major avec celle de représentant des éléments français au Liban auprès du chef de la FINUL, le général de division italienne Paolo Serra. Il occupera cette fonction durant un an. L’état-major que dirigera le général Delort-Laval planifie et conduit les missions menées quotidiennement par les 12 000 militaires de la FINUL, de 39 nationalités différentes, qui assurent la mise en œuvre de la résolution 1701 du 26 août 2006.

Précédemment, le général Delort-Laval occupait la fonction de directeur de l’enseignement à l’Ecole de Guerre après avoir commandé durant deux ans la BFST (Brigade des forces spéciales terre).

Le dispositif français au Liban compte environ 900 hommes. Il comprend la Force Commander Reserve (FCR), déployée sur le site de Dayr Kifa, et des éléments de soutien (logistique, information) ainsi que des militaires insérés au sein de l’état-major de la FINUL sur la base de Naqoura.

Liban : un nouveau format pour les entraînements conjoints

Liban : un nouveau format pour les entraînements conjoints

Depuis le 3 juillet 2012, la Force Commander Reserve (FCR) a inauguré un nouveau format d’entraînement conjoint avec les forces armées libanaises (FAL). Il permet d’accroître le degré de coopération entre les soldats français et libanais, comme préconisé par la Revue stratégique de la FINUL.

Chaque semaine, pendant cinq jours, ont lieu des entraînements conjoints entre la FCR et les FAL. La FCR est binômée avec l’ensemble des sections des trois brigades des FAL déployées au Sud Liban. Ces entraînements facilitent donc l’interaction des unités.

Au cours des deux premiers jours, à Dayr Kifa, sur le camp français, les soldats se forment au contrôle de zone, au combat en localité, au sauvetage au combat, aux techniques de maintien d’un check-point et aux contrôles de foule. Les deux jours suivants se déroulent sur le terrain, à Ebel el-Saqi, au Sud Liban, où ils s’entraînent à la lutte contre les engins explosifs improvisés (IED, improvised explosive device), au tir, au combat, et effectuent des exercices de nuit. La dernière journée, qui a lieu de nouveau à Dayr Kifa, est consacrée à un exercice de synthèse permettant d’évaluer les acquis de la formation.

Une remise d’attestation, sous l’autorité du chef de corps et d’un représentant de l’état-major des FAL, sanctionne la fin du stage. La mise en place de ces entraînements conjoints permet de renforcer les liens entre militaires français et libanais; notamment lors des patrouilles communes.

La FCR, qui compte environ 850 militaires, est placée directement sous les ordres du commandant de la FINUL. Elle constitue le dernier échelon de combat dans les mains du Force Commander. Pour l’heure, la FCR demeure le seul contingent de la FINUL à conduire ces entraînements avec les FAL et à en avoir fait l’une de ses priorités.

La direction politique de l’expédition de Syrie, 1860-1861

La direction politique de l’expédition de Syrie, 1860-1861

Entre août 1860 et juin 1861, un corps expéditionnaire français mène sur le territoire de ce qui deviendra le Liban une action de rétablissement de la paix et de pacification. Lorsque cette force militaire regagne l’hexagone, elle n’a pas (à proprement parler) combattu et ses résultats sont en demi-teinte : si les attaques contre les Maronites ont pris fin, leur situation dans la région n’est que partiellement améliorée.

Cette campagne ayant été présentée à plusieurs reprises comme une « première » opération humanitaire moderne, il est intéressant de revenir au texte original des directives données par l’amiral Hamelin, ministre de la Guerre par interim, au général de Beaufort d’Hauptoul, commandant en chef (manuscrit conservé au SHD-Vincennes).

« Général,

En vous plaçant à la tête d’une brigade envoyée en Syrie, l’Empereur n’a pas moins compté sur votre prudence que sur vos qualités militaires.

L’expédition n’a pour but ni une conquête territoriale, ni une occupation de quelque durée ; elle répond au sentiment public et à la pitié profonde qu’inspirent les malheurs des Chrétiens d’Orient.

Vous allez porter du secours.

Ainsi votre mission est esentiellement réparatrice et temporaire, et l’intention de l’Empereur est que vous restiez exactement fidèle à ce programme.

Puad Pacha est déjà arrivé de Constantinople à Beyrouth avec des troupes turques pour rétablir l’ordre en Syrie au nom du Sultan ; vous serez là près de lui pour lui prêter l’appui moral du nom de l’Empereur et du drapeau français, le secours de vos conseils et la coopération de vos forces.

Vous vous concertrez donc avec ce général sur les mesures à prendre, seulement s’il apparaissait, en passant du conseil à l’exécution, manquer de décision ou d’énergie ; vous le presseriez vivement d’agir, et, au besoin, vous serez libre d’agir vous-même dans les limites de votre programme.

En arrivant à Beyrouth, après avoir assuré l’existence de vos troupes, votre premier soin sera de vous enquérir de l’état présent du pays et d’examiner, de concert avec le Consul et Fuad Pacha, les moyens les plus efficaces d’inspirer aux meurtriers des Chrétiens une salutaire et durable terreur. D’après ce concert, et les règles ci-dessus posées, vous aviserez, mais, dans aucun cas vous ne quitteriez Beyrouth sans vous être bien assuré qu’il y a nécessité de le faire et que vos troupes seront suffisantes pour les buts à atteindre, comme pour parer aux incidents prévisibles, sans ne rien compromettre et n’engager rien sans succès certain est une condition nécessaire de votre situation. Il importe au plus haut point de conserver au dessus de toute atteinte le prestige de nos armes.

En conséquence, vos préoccupations devront tendre à bien faire reconnaître les pays où vous aurez à agir, à ne jamais laisser sans appui de petits détachements, à tenir vos troupes bien réunies soit en station, soit en marche, et pour y réussir sûrement à bien organiser vos moyens de transport, à bien assurer vos approvisionnements, enfin à veiller avec soin à la santé de vos soldats.

Vous ne tenterez une marche sur Damas que dans l’hypothèse où vous pourriez l’effectuer utilement et sans rien risquer.

En un mot, l’Empereur voudrait que votre petit corps d’armée fut une colonne mobile partant dans tous les pays qu’elle pourra atteindre, l’épée de la justice faisant saisir, juger et châtier les coupables, rendant aux Chrétiensleurs biens confisqués, désarmant les Druzes et prélevant sur eux des contributions de guerre dont le produit servirait à indemniser les victimes de l’insurrection.

C’est ainsi que l’expédition revêtirait d’une manière éclatante le caractère d’un acte de justice et d’humanité ; elle sera de courte durée et l’Empereur verrait avec une vive satisfaction qu’elle pût rentrer au bout de deux mois ayant accompli son oeuvre.

Sa Majesté compte que bien pénétré de ses vues, vous saurez ne rien négliger pour vous y conformer et que vous ne vous laisserez entraîner par aucune circonstance au delà du but qu’elle a marqué ».

Cette directive est particulièrement significative. Il s’agit indiscutablement d’une opération que l’autorité politique veut conserver dans d’étroites limites, en dépit des difficultés et des délais de communication qui existent à cette époque entre l’hexagone et le théâtre concerné, du fait en particulier d’un complexe contexte international. Les ordres reçus par le commandant du corps expéditionaire sont sans ambigüité et rappellent étrangement, à peine actualisés, les termes employés depuis une vingtaine d’années.

Pierre Arainty

Pierre Arainty

Pierre Arainty est né le 17 août 1907à Licq-Atherey (Pyrénées-Atlantiques) dans une famille d’agriculteurs.

Engagé dans l’armée en 1927, il sert 10 ans au Maroc.

Il est adjudant au 1er Escadron du 1er Régiment de spahis marocains en Syrie au moment de la déclaration de guerre.

Le 30 juin 1940, après avoir entendu l’appeldu général de Gaulle, il franchit avec les volontaires de son escadron et son chef Paul Jourdier, la frontière syro-palestinienne, entraînant avec lui 38 spahis et le convoi de l’escadron transportant 40 000 cartouches.

Avec le l’Escadron Jourdier, première unité de cavalerie des Forces françaises libres au Moyen-Orient, formée en Egypte, il prend part aux opérations en Erythrée comme chef de peloton.


Pierre Arainty

Il se distingue au cours de la charge à cheval d’Umbrega le 2 janvier 1941 en entraînant son peloton et en mettant une cinquantaine de soldats italiens en fuite.

Rentré d’Erythrée en avril 1941, il est ensuite blessé par balle le 16 juin 1941 en Syrie en conduisant son peloton à l’attaque. Malgré sa blessure, il poursuit le combat pendant trois heures avant de se laisser évacuer.

Promu au grade de sous-lieutenant, il participe aux campagnes de Libye et de Tripolitaine avec son unité devenue la Colonne volante des FFL.

La Colonne volante passe sous le commandement du général Leclerc, au sein de la Force L lors des opérations de Tunisie. Le 6 mars 1943, au combat de l’Oued Gragour Pierre Arainty fait une fois encore la preuve de son sang-froid en remplissant parfaitement la mission de couverture qui lui est assignée. Il s’illustre les 8 et 8 avril dans la région de Mezzouna puis le 14 avril, au Djebel Fadloum, délogeant l’ennemi de sa position et faisant 16 prisonniers.

Promu lieutenant, il sert au 1er Régiment de marche de spahis marocains (1er RMSM) au sein de la 2e Division blindée du général Leclerc mais, rendu inapte à l’arme blindée en raison de sa blessure reçue en Syrie, il est affecté au Groupement tcherkess en septembre 1943.

A la tête de l’escadron hors rang du Groupement tcherkess en Syrie, il participe aux opérations contre la police syrienne en mai 1946.

Il poursuit sa carrière militaire avec la Légion étrangère en Indochine et en Afrique du Nord jusqu’à sa retraite avec le grade de capitaine.

Pierre Arainty est décédé le 9 mai 1982 à Mauléon dans les Pyrénées-Atlantiques où il est inhumé.

• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 18 janvier 1946
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Croix de Guerre des TOE (2 citations)

Roger André

Roger André

Roger André est né le 13 décembre 1914 à Saint-Laurent-les-Eaux (Loir et Cher). Mobilisé à la déclaration de guerre, son père avait été tué à Crouy (Aisne) le 9 novembre 1914.

En 1935, après l’obtention de son baccalauréat et deux années de Mathématiques spéciales, il est reçu à Saint-Cyr (promotion Lyautey).

A sa sortie de l’école, en 1937, il est affecté comme sous-lieutenant au 7e RTA à Touggourt en Algérie.

Il est promu lieutenant en octobre 1939.

Rallié aux Forces françaises libres à Beyrouth le 21 août 1941, il est affecté, le 1er septembre, comme commandant à la 22e Compagnie autonome nord africaine (22e CNA) alors en formation à Saïda puis à Homs.


Roger André

En décembre 1941, il est placé sous les ordres du capitaine Lequesne, en qualité d’adjoint au commandant de la 22e CNA qui est intégrée immédiatement à la 1ère Brigade française libre sous les ordres du général Koenig.

Il prend part à la campagne de Libye et aux combats de Bir-Hakeim où, volontaire pour toutes les missions périlleuses, il effectue, de nuit, plusieurs missions à l’intérieur des lignes ennemies.

Le 30 mai 1942, il est blessé une première fois, par balle, au cours d’une reconnaissance faite sous le feu de l’infanterie allemande mais parvient à rejoindre son unité. Il est de nouveau blessé très grièvement par des éclats d’obus le 10 juin. Lors de la sortie de vive force, en pleine nuit, l’ambulance qui le transporte est capturée.

Il est fait prisonnier, évacué d’abord à Derna en Libye où il est opéré puis transféré par bateau hôpital sur l’Italie où il est soigné. Il séjourne successivement à l’hôpital de Caserta, de Castel San Pietro d’Emilia et d’Altamura. Rapatrié comme grand blessé, il est embarqué à Bari et échangé à Smyrne le 18 avril 1943 en même temps que d’autres grands blessés. Il est ensuite placé à l’hôpital Maurice Rottier à Beyrouth pendant un mois.

Rétabli, le capitaine André sert à l’Etat-major du Moyen-Orient à Beyrouth comme adjoint puis comme chef du 2ème Bureau avant d’être nommé à Alger comme aide de camp du général Koenig le 1er septembre 1943.

Le 1er janvier 1944, Roger André est muté à Meknès comme chef de cabinet du général Collet qu’il accompagne à Toulouse en septembre 1944.

Affecté le 1er janvier 1945 à la Division du général Cazaud comme commandant de la Compagnie antichar du 14ème RI jusqu’au 8 mai 1945.

De 1945 à 1950, il est diplômé d’Etat-major et sert à l’E.M du général commandant en chef français en Allemagne puis à Fribourg, à celui du général commandant la Zone Sud.

De 1950 à 1952, promu chef de bataillon, il sert à l’Etat-major du général de Larminat à Paris.

En juin 1952 Roger André est affecté en Indochine où il commande le 2e Bataillon du 2e RTA en opérations. De septembre 1953 à la fin de 1954, il exerce les fonctions de sous-chef d’E.M. du Centre Vietnam à Hue.

En 1955, de retour en France il sert successivement à l’E.M.A.T. puis à celui du général de Larminat, et à l’E.M. de l’Inspection en A.F.N. à Paris avant d’être détaché à Londres au Groupe de Planning de l’opération « Port-Saïd », puis à l’E.M. du général commandant le Corps expéditionnaire franco-britannique à Chypre.

En octobre 1958, il est muté en Algérie, à l’E.M. du général commandant la Zone Est saharien puis, en 1960, promu entre-temps au grade de lieutenant-colonel, il est nommé adjoint « Terre » du Commandant du Centre Amphibie.

En juin 1961, Roger André est muté à Paris, comme chef du bureau « Missions » de la Direction de la Sécurité militaire.

Promu au grade de colonel en juillet 1962.

En juillet 1963, il commande le 19e Groupe de Chasseurs mécanisés aux FFA.

Deux plus tard, auditeur au Centre des hautes études militaires et à l’Institut des Hautes études de Défense nationale à Paris.

En août 1966, il est nommé commandant des Troupes et Services de Berlin et en septembre 1968, il est adjoint au général commandant la 3e Division aux FFA à Fribourg.

Adjoint au général gouverneur militaire de Paris, il est mis à la retraite sur sa demande le 31 octobre 1970 avec le grade de général de brigade.

Roger André est décédé à Lyon le 28 février 1999. Les obsèques se sont déroulées en l’Eglise de Saint-Pathin à Lyon.


• Commandeur de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 2 juin 1943
• Croix de Guerre 39/45 avec palme
• Croix de Guerre des TOE (2 citations)
• Croix de la Valeur Militaire (2 citations)
• Croix du Combattant Volontaire 39/45
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• Croix du Combattant
• Médaille Coloniale avec agrafes « Libye », « Bir-Hakeim », « EO »
• Médaille Commémorative d’Indochine
• Médaille Commémorative des Opérations de Maintien de l’Ordre en AFN avec agrafe « Algérie »
• Croix de la Vaillance Vietnamienne avec étoile d’argent

Hubert Amyot d’Inville

Hubert Amyot d’Inville

Hubert Amyot d’Inville est né le 1er août 1909 à Beauvais dans une famille de vieille noblesse de l’Oise.

Il fait ses études à l’Institution du Saint-Esprit à Beauvais.

Il entre en 1932 dans la Marine marchande à la compagnie Dreyfus.

En 1939, il est capitaine au long cours sur la ligne de Madagascar des Messageries maritimes.

En janvier 1940, enseigne de vaisseau de réserve, il est rappelé dans la Marine de guerre. Il reçoit le commandement du dragueur de mines La Trombe. Il prend part à la défense et à l’évacuation de Dunkerque, lorsque son bâtiment, assurant la garde des chenaux du port, est coulé.


Hubert Amyot d’Inville

Rescapé, Hubert Amyot d’Inville est cité à l’ordre de l’Armée. Il commande ensuite au moment de l’armistice une vedette lance-torpilles et rallie Londres pour s’engager dans les Forces navales françaises libres, le 1er juillet 1940.

Le 1er Bataillon de fusiliers marins (1er BFM) est constitué sous le commandement du capitaine de corvette Détroyat, Hubert Amyot d’Inville devient son second.

Le Bataillon est embarqué sur le Westernland et participe l’opération de Dakar.

Après l’échec de Dakar, le Bataillon prend une part active au ralliement du Gabon avant de rejoindre Suez par le Cap puis Qastina en Palestine.

En juin 1941, Hubert Amyot d’Inville entre avec le 1er BFM en Syrie. Grièvement blessé devant Damas, le 17 juin, il prend, dès le mois d’août 1941, avec le grade de capitaine de corvette, le commandement du Bataillon, en remplacement de Détroyat, tué le 21 juin.

Réorganisé en unité de DCA motorisée, le Bataillon est adjoint, fin 1941, à la 1ère Brigade française libre et part pour de longs mois dans le désert de Libye.

De février à juin 1942 à Bir-Hakeim, il en défend le ciel attaqué journellement par des raids de 80 à 100 avions, inflige des pertes sévères à l’ennemi et abat 7 avions.

Le Bataillon entre en ligne à El Alamein en octobre 1942, puis prend part à la campagne de Tunisie au sein de la 1ère Division française libre.

Le 17 août 1943, grâce à l’arrivée de volontaires d’Afrique du Nord, le Bataillon devient le 1er Régiment de fusiliers marins (1er RFM) toujours commandé par le capitaine de corvette Amyot d’Inville. A partir d’avril 1944, celui que tous surnomme « l’amiral » participe brillamment à la campagne d’Italie où les fusiliers marins forment souvent l’avant-garde de la 1ère DFL. Faisant une nouvelle fois la preuve de son calme, il dirige ses escadrons avec la plus grande clairvoyance du 11 mai au 6 juin, en particulier à Pontecorvo et Tivoli.

Au cours de ces combats le capitaine de frégate Amyot d’Inville trouve la mort en sautant sur une mine avec sa jeep, le 10 juin 1944 devant Montefiascone. Il a été inhumé au cimetière de Viterbe (Italie).

Il a été inhumé au cimetière de Viterbe (Italie).

Jacques, le frère aîné d’Hubert Amyot d’Inville, officier du 3e REI, est tué au combat en Tunisie en avril 1943 ; Gérald, son frère cadet, prêtre résistant, meurt en déportation en janvier 1945. Le seul survivant des frères Amyot d’Inville est Guy, officier de cavalerie, fait prisonnier en 1940 et libéré en 1945


• Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 9 septembre 1942
• Croix de Guerre 39/45 (5 palmes)
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille Coloniale avec agrafe « Bir-Hakeim »