L’infanterie des troupes du Levant et ses insignes (Jacques Sicard)

Armes Militaria magazine numéro 156 (juillet 1998)

 

L’infanterie des troupes du Levant et ses insignes (Jacques Sicard) [p. 44 à 53]

 

La présence militaire française dans ce que furent, jusqu’en 1945, les territoires sous mandat français du Levant (englobant la Syrie et le Liban actuels) remonte à une longue tradition. Les chevaliers partis avec les croisades édifièrent et occupèrent, entre 1099 et 1289, pour protéger le royaume chrétien de Jérusalem, une ligne de puissantes forteresses qui subsistent encore malgré les intempéries et le vandalisme des hommes.

 

Il suffit d’évoquer le comté de Tripoli de Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, les ordres militaires des Templiers et des Hospitaliers guerroyant sans cesse contre l’infidèle, mais aussi l’expédition du Maréchal de Boucicaut sur les côtes de Syrie en 1404 et l’alliance entre François Ier et Soliman le Magnifique qui fit du roi de France le protecteur de tous les chrétiens d’Orient.

Plus proche de nous, c’est l’expédition avortée de Bonaparte vers la Syrie stoppée en 1799 sous les murs de Saint-Jean d’Acre, l’intervention en 1845 de la Belle Poule à la suite des massacres de chrétiens maronites par les musulmans druzes, l’envoi pour les mêmes raisons, d’août 1860 à juin 1861, d’un corps expéditionnaire de 6000 hommes sous les ordres du général d’Hautpoul. Il comprenait entre autres les 5e et 13e régiments d’infanterie de ligne, le 16e BCP et un bataillon du 1er régiment de zouaves.

Pendant la Première Guerre mondiale, le Détachement français de Palestine-Syrie (DFPS), sous les ordres du colonel de Piépape, est rattaché au corps expéditionnaire du général Allenby. Il compte un régiment de marche d’infanterie, deux bataillons de tirailleurs algériens (issus des 1er et 2e RT), un régiment de la Légion d’Orient et un bataillon d’étapes du 115e RI territorial. En 1918, ces unités arrivent en Syrie où les premières difficultés vont commencer, notamment en Cilicie.

Le mandat français

 

Aux Troupes françaises du Levant (TFL), créées le 28 octobre 1918, succède en novembre 1919 l’Armée française du Levant (AFL) du général Gouraud, la France ayant reçu le mandat d’administrer la Syrie, ancien territoire turc. La fin de la guerre sur le front européen permet l’envoi vers ces territoires de plusieurs régiments d’infanterie venus relever les troupes britanniques qui ne demandaient qu’à y rester. Ainsi débarquent successivement le 415e RI en mars 1919, le 412e RI (en juin), la Légion Arménienne, enfin la 156e DI (général Dufieux) en novembre.

La Déclaration de Londres en 1921, enregistrée ensuite à la Société des Nations, confie à la France le mandat de protéger les Etats du Levant (Syrie et Liban) contre toute menace extérieure, de les guider par ses conseils pour les amener à l’indépendance. Mais dans l’immédiat, le rétablissement de la sécurité intérieure et les relations tendues avec le mouvement nationaliste turc de Mustapha Kemal nécessitent l’envoi de troupes de plus en plus nombreuses.

Les débuts de l’intervention française

 

Les troupes françaises occupant la Hongrie, la Bulgarie (Armée du Danube) et Constantinople fournissent les premiers contingents permettant la formation de trois divisions en Cilicie (ex-156e DI), en Syrie et au Liban devenues, après l’arrivée de la 122e DI, les 1er, 2e, 3e et 4e Divisions du Levant. L’infanterie comprend quelques régiments d’infanterie métropolitaine et de tirailleurs sénégalais, mais surtout des régiments de tirailleurs nord-africains.

La pacification s’étend progressivement à la région d’Alep (mars – avril 1921), au territoire alaouite (mai – juillet 1921) jusqu’aux confins de l’Euphrate (juin 1921 à 1923). Elle s’achève avec l’occupation du Djebel Druze (juin 1921 – octobre 1922).

Peu à peu, l’ordre est rétabli et la Cilicie ayant été évacuée, cela amène à partir de 1922 la dissolution sur place ou le rapatriement sur la métropole de plusieurs unités. Les effectifs de l’AFL sont réduits progressivement.

Troubles au Levant (1925-1926)

 

En juillet 1925 éclate la révolte druze. D’abord localisée au Djebel Druze, elle s’étend à Damas en octobre, au mont Hermon et au Liban-Sud et se traduit par le massacre des populations chrétiennes. L’envoi de nouveaux renforts devient nécessaire. Les 25 bataillons d’infanterie ainsi détachés seront rapatriés fin 1926 – début 1927, ramenant les effectifs à des proportions plus réduites pendant la dizaine d’années précédant la Seconde Guerre mondiale, qui voient la mise sur pied d’unités à recrutement local, embryon des futures armées nationales et dénommées « Troupes spéciales du Levant ».

Vers un nouveau conflit

 

A partir de 1938, la menace d’un affrontement avec les puissances de l’Axe amène à renforcer l’éventuel théâtre d’opérations du Proche-Orient. Plusieurs bataillons de Légion étrangère ou coloniaux débarquent à Beyrouth, suivis après l’entrée en guerre en 1939 par l’arrivée d’une division nord-africaine, la 86e DIA venue d’Oran, deux autres divisions (191e et 192e DI) étant constituées sur place. Toutes ces troupes resteront l’arme au pied tandis qu’en France se déroulent les tragiques combats de mai – juin 1940. A la fin de l’année, la démobilisation va réduire les effectifs de cette petite armée.

1941, l’intervention anglo-gaulliste

 

Encastrés entre des territoires sous domination anglaise, il était à prévoir que les britanniques chercheraient à prendre pied dans les Etats sous mandat français. Le prétexte est vite trouvé à la suite de l’atterrissage d’avions allemands en transit sur les aérodromes d’Alep et Palmyre pour appuyer la révolte irakienne. Malgré l’accord du 7 août 1940 passé entre Churchill et le général de Gaulle « qu’en aucun cas, les volontaires (de la France Libre) ne porteraient les armes contre la France », des unités françaises vont être engagées contre d’autres français, chacun acceptant de faire son devoir jusqu’au bout dans un conflit fratricide. Parmi les officiers supérieurs, seul le colonel Magrin-Vernerey (Monclar), commandant de la Brigade française d’Orient, un des premiers à avoir rallié la France Libre en juin 1940 avec la 13e DBLE, demandera à ne pas participer à l’opération.

L’infanterie métropolitaine du Levant

 

En 1919, les premiers régiments d’infanterie métropolitaine dirigé sur le Levant sont deux régiments de la série 400 formés à partir de mars 1915 avec les recrues de la classe 1915. le 412e est créé à Limoges, le 415e au camp de Carpiagne. Désigné également pour l’Armée d’Orient en avril 1919, le 409e est finalement dissous et ses effectifs versés au 412e qui débarque en Cilicie en juin 1919. Ce dernier est dissous en décembre 1921 à Alexandrette à la suite de l’évacuation de la Cilicie tandis que le 415e, employé en Syrie depuis mars 1919, est dirigé sur Constantinople en 1922 et dissous à son retour à Marseille en septembre 1923. Ce sont les derniers survivants de cette série 400, dont les numéros seront adoptés en 1939 par les régiments de pionniers.

Avec la reprise des opérations en 1925, une dizaine de bataillons d’infanterie prélevés sur les régiments de métropole viennent en renfort ainsi qu’un bataillon de mitrailleurs. Ils seront rapatriés à partir d’octobre 1926.

Les tirailleurs nord-africains

 

Assurément, ce sont eux qui ont fourni les plus gros contingents employés à l’Armée du Levant. Les 17e, 18e, 19e, 21e, 22e, 27e, 31e (puis 47e) RTA, 16e, 20e, 36e RTT, 65e et 66e RTM y séjournent plus ou moins longtemps.

A partir de 1927, il ne reste plus sur place que le 16e RTT (stationné dans le Djebel Druze), un bataillon algérien (IV/6e RTA) et un marocain (IV/1er RTM).

L’envoi de la 86e DIA sur ce territoire en octobre 1939 amène le 2e RTA (devenu le 22e RTA) et le 29e RTA qui, après avoir pris part aux combats contre les anglo-gaullistes, sont ramenés en Algérie en août 1941.

L’arrivée du IV/7e RTA en novembre 1939 permet de regrouper en une demi-brigade nord-africaine les trois bataillons isolés : IV/6e RTA, IV/7e RTA et IV/1er RTM, devenu le V/1er RTM en 1940. Cette 10e DBNA, affectée à la 192e DI, puis à la 191e en juin 1940, est recomplétée en novembre 1940 par le IV/6e RTT qui remplace les IV/6e et IV/7e RTA dissous. Elle-même sera dissoute en avril 1941.

Bien que n’appartenant pas à la subdivision d’arme des tirailleurs, mais venant aussi d’Afrique du Nord, il faut signaler la présence d’un bataillon de zouaves au sein du 3e RMZT (1919-1920) puis l’arrivée du 2e régiment de zouaves d’Oran, en septembre 1939 avec la 86e DIA. Il est dissous sur place un an plus tard.

Les troupes coloniales

 

Le premier régiment de tirailleurs sénégalais arrivé au Levant en 1919 est le 17e. Il n’en repart qu’en août 1941. D’autres régiments effectuent des séjours plus ou moins brefs : 10e, 11e, 14e, 16e RTS.

Entre 1920 et 1923, deux bataillons venus du Tonkin sont employés. Ils entrent sans doute en 1922 dans la composition d’un Régiment mixte indochinois du Levant (RMICL) sur lequel nous avons peu de détails.

Des bataillons de tirailleurs (ou mitrailleurs) malgaches, venus aussi en renfort en 1925-1926, constituent le 42e régiment de tirailleurs malgaches (1927-1928).

Les premiers marsouins arrivent au Levant en 1920 : deux bataillons d’infanterie coloniale formés en décembre 1919 à Rochefort et à Toulon débarquent en Cilicie le 21 février 1920. Ils forment le Régiment d’infanterie coloniale du Levant (RICL) qui opère ensuite en Syrie. Par suite des pertes élevées, ce régiment doit être dissous le 31 mars 1922.

En août 1939, un nouveau régiment de marche d’infanterie coloniale du Levant (RMICL) est formé en métropole avec des réservistes. Son état-major est fourni par le 2e RIC, le 1er bataillon par le RICM, le 2e par le 3e RIC, le 3e par la 3e DIC et le 4e par le dépôt de Toulon. Débarqué au Levant, il devient le 24e RIC (26 octobre 1939) affecté à la 191e DI. En juin 1940, son 2e bataillon est envoyé à Chypre. Après l’armistice de 1940, une partie de ses effectifs voulant continuer le combat aux côtés des anglais, ce bataillon forme le 1er Bataillon d’infanterie de marine (1er BIM) des FFL tandis que la compagnie Folliot du 3e bataillon passe en Palestine. Après la démobilisation des réservistes rapatriés sur la France, le 24e RIC est dissous le 31 décembre 1940. Ses personnels d’active entrent aussitôt (le 1er janvier 1941) dans la composition du 24e régiment mixte colonial (24e RMC) où ils forment la compagnie régimentaire et le 1er bataillon. Les 2e et 3e bataillons sont sénégalais : débarqués à Beyrouth en 1938 et 1939, les 1er et 2e bataillons de marche de tirailleurs sénégalais (BMTSL) avaient formé un groupe de bataillons de marche (GBMTS) qui entre dans la composition du 24e RMC. Ce régiment participe aux opérations de juin 1941, ses bataillons opérant dans des secteurs différents. Regroupé à Tripoli après le cessez-le-feu, il embarque pour la France à partir du 16 août pour être dissous à Fréjus. Les personnels des 2e et 3e bataillons sont versés au 17e RTS en partance pour l’AOF.

Ce 17e RTS que nous avons vu débarquer en 1919 a tenu garnison à Tripoli puis à Beyrouth, Alep et Damas. Il eut un 4e bataillon (ex-III/4e RTS), de juillet 1927 à février 1928.

Affecté à la 192e DI en 1939, il prend part aux opérations de juin – juillet 1941 puis est rapatrié et sera reconstitué en AOF en décembre 1941.

Quelques éléments des 17e RTS et 24e RMC ayant choisi de rallier la France Libre permettent la création du Bataillon de marche numéro 11 (dédoublement du BM numéro 1 – FFL). Mais des mutineries ayant éclaté en mars 1942, une partie de ses personnels africains doit être ramenée en Afrique.

La Légion étrangère

 

Le premier bataillon de Légion envoyé au Levant est le IV/4e REI, formé à Saïda. Débarqué à Beyrouth le 15 mars 1921, il opère dans le Cercle des Alaouites.

Une compagnie montée russe, formée à Damas le 18 mars, est rattachée à ce bataillon mais est dissoute le 19 avril.

Le V/4e REI, formé aussi à Saïda, débarque le 2 septembre 1921 à Alexandrette. Il opère sur l’Euphrate et le moyen Oronte puis contre les Druzes en juillet 1925. Sa 17e compagnie est transformée en compagnie montée à Deir ez-Zor.

Ces deux bataillons et la 17e compagnie forment, en septembre 1921, le Régiment de Légion du Proche-Orient qui, après le retour en Algérie du IV/4e REI en décembre 1924, est réduit à un bataillon complété par un escadron du 1er REC. Après le départ de cet escadron, le régiment est dissous. La 17e compagnie montée prend le numéro 29 tandis que le V/4e REI devient le VIII/1er REI, le 9 juin 1926, puis le 4e bataillon formant corps du 1er REI.

Le 24 avril 1936, le I/1er REI vient en renfort au Levant, permettant la constitution du Groupement de Légion étrangère du Levant (GLEL) à Homs. Le II/2e REI, débarqué à Beyrouth le 27 avril 1938 et dirigé sur Damas, complète ce groupement.

Le 1er octobre 1939, le GLEL devient le 6e REI à trois bataillons, puis quatre après l’arrivée du VI/1er REI. Le régiment participe aux combats de juin – juillet 1941 puis est rapatrié, fin août. Les éléments volontaires pour passer à la France Libre permettent la formation du III/13e DBLE.

L’envoi des renforts (1941)

 

Un des soucis du gouvernement du Maréchal Pétain est l’isolement des territoires du Levant, objet de convoitise de chacun des belligérants. Après la démobilisation de l’automne 1940, l’Armée du Levant, sous les ordres du général Dentz, se trouve réduite à environ 25000 hommes alors qu’elle en comptait plus de 70000 quelques mois auparavant. Ce chiffre étant trop faible, l’autorisation est demandée à la Commission d’armistice de maintenir ses effectifs à trois divisions par l’adjonction d’environ 10000 hommes venant d’AFN. Un régiment de marche de tirailleurs du Levant (RMTL) est mis sur pied à Maison-Carrée en novembre 1940 avec les personnels devenus excédentaires des régiments de tirailleurs (donc des éléments médiocres) et des éléments « évadés » d’Allemagne après avoir été soumis à une intense propagande antifrançaise. Mais le 25 janvier 1941, 800 tirailleurs se mutinent et sont arrêtés. Le régiment est dissous et les éléments récupérables serviront à former le 5e RTA. Trois autres régiments « renfort Levant » sont mis sur pied en janvier 1941 : 3e et 8e RTM à Sefrou et Meknès, 8e RTT en Tunisie.

La demande faite aux anglais, en octobre 1940, d’autoriser le transport de ce contingent se heurte naturellement à un refus. En novembre, le gouvernement français demande aux anglais la permission de relever 4000 tirailleurs sénégalais par un nombre équivalent de nord-africains. Silence du côté anglais… De son côté, la Commission d’armistice impose comme date limite à ces mouvements le 31 janvier 1941. En AFN, les tirailleurs vont attendre leur transfert pendant plusieurs mois. Les régiments prévus seront donc dissous en mai 1941 (sauf le 8e RTM) sans avoir posé le pied au Levant.

L’attaque anglaise (1941)

 

Le 8 juin 1941 débute l’opération Exporter. Il s’agit de l’attaque anglaise – en fait, une division australienne et une brigade indienne – soutenue par la 1er DFL du général Fougère, commandant supérieur des troupes du Levant, demande l’envoi des renforts d’infanterie suivants : un régiment de tirailleurs marocains, un de tirailleurs algériens, un bataillon d’infanterie coloniale et un de Légion étrangère. Le gouvernement de Vichy obtient de la Commission d’armistice l’autorisation d’envoyer ces renforts. Mais la voie aérienne se révélant insuffisante et les allemands refusant de fournir 50 avions de transport, seule la voie terrestre est envisageable. Elle se fera donc en territoire occupé par les forces de l’Axe, le gouvernement turc s’opposant à tout transit militaire sur son sol. Après le franchissement de la ligne de démarcation à Chalon-sur-Saône, l’itinéraire par voie ferrée sera Mulhouse, l’Allemagne, l’Autriche, la Yougoslavie et la Grèce. Un « Transit militaire » est créé à Salonique le 12 juin. La flotte britannique ayant la maîtrise de la mer Egée, le transport par voie maritime vers Beyrouth est aléatoire et plusieurs navires seront coulés. Les transports aériens assurés par les appareils du Groupe de transport numéro 15, entre Salonique et Alep, ne peuvent acheminer que 500 hommes et 10 tonnes de matériel. L’armistice signé à Saint-Jean d’Acre stoppe, à compter du 14 juillet, tout transport ferroviaire sur Salonique. Les retours sur la France commencent le 21 juillet. Le dernier train franchit la ligne de démarcation à Chalon-sur-Saône le 3 août.

Le 1er Bataillon de marche d’infanterie coloniale du Levant (1er BMICL), créé à Fréjus et embarqué par VF le 27 juin, arrive à Salonique le 4 juillet. Son détachement précurseur (1e compagnie) aérotransporté sur Alep les 6 et 8 juillet, est fait prisonnier par les anglais dès son arrivée. Le reste du bataillon, embarqué sur les trois contre-torpilleurs Guépard, Vauquelin et Valmy doit faire demi-tour et rentre à Salonique le 9. Ramené en France, le bataillon sera dissous et ses personnels répartis dans plusieurs unités en AOF.

La demi-brigade de marche de tirailleurs algériens (formée par un bataillon du 1er RTA, un du 7e RTA et un du 9e RTA) embarque à Alger le 30 juin pour Marseille. Elle quitte la France, les 2 et 3 juillet, par deux trains qui arrivent les 10 et 11 juillet à Salonique. Les tirailleurs y séjournent jusqu’au 25 juillet puis rentrent en France et rejoignent leurs corps en Algérie.

Un bataillon de marche de Légion étrangère, le II/1er REI formé à Sidi-Bel-Abbès, embarque lui aussi par VF. Stoppé à Zagreb (Yougoslavie) le 10 juillet, il rentre en France, retourne en Algérie puis au Maroc et deviendra le II/4e DBLE stationné au Sénégal jusqu’en février 1943. Il participe ensuite aux derniers combats en Tunisie (avril – mai 1943) avec le 1er régiment étranger d’infanterie.

Un bataillon de chasseurs à pied, le 33e BCP, formé fin juin au camp de la Valbonne par prélèvement sur les quatre demi-brigades de chasseurs et le 159e RIA, n’aura pas le temps de partir, l’armistice étant signé le 12 juillet 1941. Enfin, un 180e Bataillon de marche d’infanterie aurait également été mis sur pied, mais nous n’avons aucune précision sur lui.

Les bataillons de la France Libre (1941-1946)

 

La plupart des bataillons de marche de la France Libre ont stationné au Levant. Ce sont d’abord les bataillons de la 1e DFL (BM 1, 2, 3 et 4, 1er BIM) qui prennent part aux combats fratricides de juin – juillet. Le BM 1 se dédouble, nous l’avons vu, pour former le BM 11 puis retourne au Tchad en avril 1942. Le BM 2 participe aux combats de Cyrénaïque (Bir-Hakim) où il est pratiquement anéanti. Venu se reconstituer au Liban, il part à Madagascar en janvier 1943.

Le BM 3 part en Egypte en 1942. le BM 4, après avoir reçu un renfort de tirailleurs sénégalais stationnés en Syrie, est dirigé vers la Somalie en juillet 1941. Le BM 5 opère avec la 9e Armée britannique en mai – juin 1942 puis relève le BM 2 en Egypte après Bir-Hakim. Enfin le BM 11 part en Libye en mars 1942.

Pour remplacer ces bataillons dirigés sur d’autres théâtres d’opérations, de nouveaux bataillons arrivent : en décembre 1942, les BM 6 et BM 7 formés en AEF, le BM 9 venant de Djibouti, en octobre 1943. Ils forment la 3e brigade française indépendante (BFI).

Le III/3e RTSM, stationné en Tunisie, débarque à Beyrouth en mars 1945. Il devient le BM 16 qui doit relever le BM 6 dissous le 20 mai 1945.

Les personnels non rapatriés des BM 7 et 9 dissous complètent ce BM 16 qui sera à son tour dissous en septembre 1946 et ses personnels ramenés en Algérie.

Les nord-africains

 

En octobre 1941, les tirailleurs nord-africains ne désirant pas être rapatriés sur l’AFN sont regroupés en deux détachements qui assurent la protection des aérodromes de Damas et de Rayack. Ils fusionnent en janvier 1942 pour former le Groupement nord-africain (GNA) qui se transforme en une 24e compagnie nord-africaine (CNA). Une 25e CNA est créée par dédoublement. Les deux compagnies forment, le 16 mars 1944, le nouveau Groupement nord-africain du Levant (GNAL) qui est dissous le 31 décembre 1945.

En France libérée, la Région militaire de Paris doit mettre sur pied, en février 1945, un bataillon destiné à relever le BM 6. Constitué à la caserne Dupleix, le Bataillon de marche du 9e régiment de zouaves (formé principalement d’éléments FFI) s’entraîne près de Nemours puis embarque le 13 mai. Débarqué à Beyrouth le 17, il est dirigé sur Tripoli.

Fortement réduits par les mesures de démobilisation, le BM/9e RZ et le GNAL fusionnent pour former à compter du 1er janvier 1946 le Bataillon mixte Zouaves-Tirailleurs du Levant (BMZTL) qui stationne à Lattaquié. En avril 1946, le bataillon est dirigé sur Beyrouth. Embarqué pour l’AFN, il y est dissous. C’est la fin de la présence française dans les Etats sous mandat du Levant.

Les bataillons de défense côtière du Liban

 

Jusqu’en 1942, la défense du littoral libano-alaouite est assurée par des unités de garde-côtes de la Marine. En septembre 1942, le général de Gaulle décide de transférer une partie de cette charge à l’armée de terre.

Un Bataillon de défense côtière du Levant (BDCL) est créé le 1er octobre 1942. Il appartient aux troupes spéciales du Levant et se dédouble le 1er juin 1943 pour former deux BDCL. En effet, une division côtière est créée le 25 juillet 1943 sous les ordres du général Cazaud. Elle compte trois brigades dont une de montagne, la 5e, et deux de défense côtière : le 2e BDCL et le 1er BDL appartiennent à la 6e Brigade (PC à Beyrouth), le 1er BDCL et le 2e BDL à la 7e (PC à Lattaquié). Un groupe d’artillerie de position de défense côtière (GPDC) appuie ces bataillons. Il existe alors quatre secteurs de défense côtière : (du Nord vers le Sud) Lattaquié, Tripoli, Beyrouth et Saïda.

Les compagnies du 1er BDCL stationnent à Lattaquié, Tartous et Tripoli. Celles du 2e BDCL sont à Kfarchima, Jbeil, Saïda. Les deux BDCL, dissous en 1946 – le 15 mai (1er) et le 30 juin (2e) – forment les 1er et 2e compagnies de transition d’Avenantaires.

Infanterie des troupes du Levant

 

1-10e Demi-brigade nord-africaine

2-IV/6e RTA

3-IV/7e RTA

4-IV/1er RTM puis V/1er RTM

5-12e RTT

6-16e RTT

7-24e RIC puis 24e RMC

8-17e RTS

9-2e BMTSL

10-GNA/BMZ 9

11-BDCL puis 1er BDCL

12-2e BDC

13-Secteur de défense côtière de Saïda

14-1er REI, devenu le II/6e REI

15-II/2e REI, devenu le III/6e REI

16-4e bataillon formant corps du 1er Etranger, dénommé successivement V/4e REI, VIII/1er REI et devenu le I/6e REI.

17-III/6e REI, ex-II/2e REI.

18-6e REI

19-Section de transmissions du 6e REI.

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